Une année avec les Randols

À Randol, depuis toujours, le temporel était entièrement lié au spirituel, la vie s’écoulait comme coule le lait, avec les jours et les saisons, avec le soleil et le vent, avec la pluie et la neige, mais surtout avec le jour comme il vient, c’est à dire avec une certaine sagesse.

Oui, la foi, c’est le levain de notre vie.

Les vieux-vieux-vieux des Randols priaient comme ça simplement, c’est qu’ils n’avaient pas de livre, eux, mais ils avaient du cœur. Et ils nous invitent à partager l’année liturgique, comme ils la vivaient, au jour le jour, autant que possible.

Il faut savoir qu’au village, on disait Jésus, Marie ou la Vierge, Joseph, comme on disait papa, maman, parce que, lorsque nous étions tout petits, on nous parlait de notre maman du Ciel, de la Vierge, notre Mère à tous, c’était tout naturel, ça ne faisait pas deux mondes comme maintenant. On était plus heureux, oui, on vivait comme si la Vierge, nos bons Anges, les Randols de tous les temps étaient là, vivaient avec nous, près de nous, dans notre famille. On n’était qu’une grande famille, la famille de Celui qui conduit tout. C’était un autre esprit, on n’avait jamais peur, puisqu’on n’était jamais seul. On aimait Dieu, mais en le craignant, c’est pour ça que ma grand-mère nous a tant aidé en priant la Vierge.

Au village il y a eu permanence des usages et coutumes religieuses, c’est très important. Pour certaines il n’y a pas eu d’interruption jusqu’à l’arrivée des moines qui faisaient la même chose : bénédiction des bêtes, des étables, des champs, mais aussi des œufs de poules pondus pendant la Semaine Sainte.

L’année, comme la journée, était rythmée par la vie liturgique. Dans la vie de village à Randol, il y avait deux grandes périodes : le Temps de Noël et le Temps de Pâques. Si chaque saison préparait la suivante, le spirituel et le temporel étant étroitement liés. Le temps de Noël allait de la saint Louis au mois d’août, à la saint Blaise le 3 du mois de février. Le temps de Pâques comportait l’autre partie de l’année, le temps du Carême préparant Pâques. Et le temps de Noël, lui, était préparé par le temps de l’Avent.

Tout ce qui vient d’être dit et les textes qui suivent sont extraits du beau livre Le Trésor des Randols, que vous trouverez sur : magasinrandol.org

Le village de RANDOL vers 1900

 

 

 

 

 

 

 

 

Le temps de Pâques (3)

Le mois d’Avril, Pâques

Le 16 avril, sainte Bernadette.

Bernadette avait le même âge que grand-mère Marie (1843-1938), au village on disait : Bernadette, mais les prêtres savaient beaucoup de choses et quand j’étais petite on priait avec Bernadette, pour Bernadette, disait grand-mère. On a su qu’elle était sainte avant que ma grand-mère ne parte dans la patrie des Anges1. Comme Bernadette priait la prière de l’Archange Gabriel : Ave Maria, c’était facile de prier avec elle. Quand le prêtre a dit au village que Bernadette, enfant de la montagne comme nous, avait vu la Vierge, puis que la Vierge lui avait parlé plusieurs fois, lui avait demandé de prier le chapelet, les Randols ont tout de suite cru que c’était vrai, puisque c’est le prêtre qui leur a dit.

La Vierge faisait chaque fois un sourire à Bernadette ; c’est beau, c’est grand, de toutes les créatures, il n’y a que l’homme qui sache faire un sourire ; c’est quelque chose qui nous vient tout droit du Ciel, disait le prêtre du temps de ma grand-mère.

Le 25 avril, la saint Marc, les litanies majeures,

On parle de l’hiver de la saint Marc, avec ses trois jours de froid, le 23 pour la saint Georges, 24 et 25. Il y avait une procession avec la bénédiction du sel, du foin, du troupeau, des écuries, des volailles et des vaches.

L’anémone pulsatile.

La fleur de Pâques, quelle que soit la date de Pâques, elle est toujours au rendez-vous. Les pétales sont grenat foncé et comme du velours. En allant vers Cournols, au-dessus du champ de la tourte, il y en a comme un tapis. Les brebis et les agneaux aiment beaucoup ces fleurs, pour eux c’est une véritable gourmandise. La Semaine Sainte arrivée, nous allions en chercher. Le premier bouquet était pour la Vierge du Cœur Immaculé, puis nous en apportions chez grand-mère qui s’en servait pour teinter les œufs de Pâques. On faisait bouillir quelques fleurs dans l’eau et dans plusieurs casseroles, de façon à avoir la teinte plus ou moins foncée. On laissait refroidir, puis on y faisait tremper les œufs qui se coloraient. Le jour de la Vigile de Pâques, le matin pendant la grand’messe, les cloches sonnaient à grande volée, elles revenaient de Rome. En passant au-dessus des villages, pour les petits enfants qui étaient bien sages, les cloches laissaient tomber des œufs de Pâques dans les jardins. Le Samedi Saint après la messe, les petits enfants allaient voir au jardin et derrière un choux, sur un groseillier, près d’un fraisier, ils trouvaient un bel œuf de Pâques bien coloré. Les œufs avaient été béni à la grand’messe le matin, les autres œufs bénits étaient disposés dans une petite corbeille habillée de blanc, et mises au milieu de la table du repas.

Pâques.

Pâques c’est la fête de la lumière. On allume un feu nouveau à l’aide du cierge béni de la Chandeleur, avec du bois de frêne, celui qui donne la flamme la plus claire.

La bénédiction de Pâques, de l’eau neuve, bénite le samedi Saint au matin. Le prêtre venait l’après-midi, on lui préparait le panier de Pâques avec des œufs de la Semaine Sainte, colorés avec la fleur de Pâques, et bénits. Il bénissait le Coudê, les entrées du village, les maisons et les écuries. Dans les maisons, les rues, tout était bien propre. On chantait : Ô Filii et filiae, Rex caelestis, Rex gloriae. Mais aussi dans les cœurs neufs, disait le prêtre, c’était le renouveau de Pâques, comme le printemps fait revenir les fleurs.

Au Coudê, on priait les Vêpres de Pâques, le dimanche, le lundi et le mardi. On travaillait bien sûr, mais le prêtre montait donner l’eau bénite.

C’était aussi une coutume dans le canton, tous les habitants mangeaient du même bœuf pour Pâques, et les vieux disaient que manger du même pain, de la même viande, ça aide les gens à se supporter, à s’aimer.

Le baptême.

Autrefois, du temps de ma grand-mère, le parrain portait un pot à eau avec de l’eau la meilleure du village, de la Fontbonne. Être parrain c’est important, disait le prêtre, c’est être responsable de son filleul. La marraine portait le linge, un joli et beau mouchoir de fine toile de lin ouvragé de jours et de broderies, pour poser la tête de l’enfant et l’essuyer. L’enfant était habillé avec une longue robe blanche plus ; ou moins ouvragée de borderies et dentelles, que ce soit un garçon ou une fille, cela n’avait pas d’importance. Parfois cette robe était prêtée d’une famille à une autre, comme pour les robes de première communion. L’enfant portait un petit bonnet de lin, et un second plus orné qui allait avec la robe parfois ornée de tulle blanc. Tout se faisait dans le respect, vous comprenez. Et la famille, si pauvre soit-elle, préparait le panier du prêtre. C’était comme partout, parfois il y en avait qui ne fréquentaient pas l’église, mais ce qui était un devoir le restait, et le prêtre recevait toujours son panier.

Les parents choisissaient les parrain et marraine essayant si possible qu’ils donnent un héritage temporel de plusieurs cadeaux de bienvenue en ce monde, mais aussi une aide tout au long de leur vie, et surtout un héritage spirituel fait de bons conseils, d’exemple de vie et capables de remplacer les parents si un malheur arrivait. On cherchait aussi à conserver des prénoms dans une même famille ; quoique ici il était normal qu’un garçon porte le prénom de Pierre, Joseph, une fille Marie, Eugénie, sans oublier Angèle. Pour la cérémonie, la marraine portait l’enfant, parfois c’était la mère qui le lui remettait à l’entrée de l’église, c’était beau. Les cloches sonnaient.

En ce temps-là les naissances avaient lieu à la maison, le médecin qui venait lorsque l’accouchement était difficile, passait parfois la nuit à la maison de la future maman. Il fallait prévoir de le faire manger, coucher, s’il avait une monture il fallait s’en occuper, loger le cheval, le mettre à l’abri, le nourrir. Lorsque la maman se levait au bout de huit jours environ, parfois, le dimanche qui suivait, le prêtre venait voir l’enfant, le bénir et il bénissait la maman pour lui donner la force de se remettre au travail, ma grand-mère disait même pour la purifier. Si le prêtre voyait qu’il n’y avait pas suffisamment pour préparer le baptême de l’enfant, délicatement il voyait dans le village, même souvent c’était spontané, les personnes les plus âgées s’en occupaient et, pour ne pas froisser, ni humilier ceux qui, momentanément parfois étaient pauvres, un tel s’offrait à faire le pain, un autre faisait de la tarte, ainsi, finalement sous forme de cadeau tout était réuni pour fêter le baptême. Car on disait, c’est important ce départ dans la vie. Chacun voulait qu’il soit beau et qu’il soit un bon souvenir pour chacun. Un tel avait le chic pour aider, toujours avec son bon sourire. De même on réservait d’aller porter une dragée à chaque personne seule. Ceux qui étaient plus aisés donnaient des dragées aux enfants à la sortie du baptême. Mais vous savez, la joie était intérieure, le principal c’est que tout le village y participe.

Dimanche de Quasimodo.

C’est le dimanche de la grande communion, juste après Pâque, c’est le dimanche de la foi, car petits et grands, avoir la foi c’est croire sans voir, c’est avoir l’espérance dans le jour qui vient. On faisait la grande communion car en mai les hommes partaient à la loue, vers le 15 ou le 20, les saisons étaient différentes.

Les Rogations avant l’Ascension.

Les fêtes des Rogations se préparaient comme toute fête ou événement liturgique. Le village était fleuri, on adaptait le travail afin de pouvoir être disponible, et on préparait son cœur et son âme pour Orcival. Le temps des Rogations était un temps de pénitence et de prière, car souvent déjà on priait pour demander la pluie, pas d’orage mais de la belle pluie. Au village la procession avait lieu le lundi, car le mardi et le mercredi le prêtre allait faire la procession à Chabannes ou à Cournols.

Le dimanche, la veille, on s’avançait un peu dans son travail pour le lendemain, tout était préparé d’avance pour les animaux, et le matin du lundi était consacré à la prière. À midi on reprenait son travail. De bon matin le lundi, les bêtes étaient soignées, nettoyées. Les brebis étaient menées aux champs avec le berger qui les réunissait sur la Serre là-haut vers la Croix des Quatre Chemins. Les vaches étaient aux champs, mais près du Chemin des Croix. Du temps de ma grand-mère on amenait les vaches au Calvaire du Coudê où il y avait de gros ormeaux et on pouvait les mettre à l’ombre, car on était précautionneux pour les bêtes qui nous aidaient à vivre, à faire notre travail et nous donnaient du lait et du beurre. Il faut être bon envers les animaux, surtout ceux qui vous servent. Les animaux sont aussi des créatures de Dieu, comme les fleurs, l’herbe, tout ce que vous plantez, les céréales, la vigne, les arbres fruitiers que nous allons bénir afin qu’ils produisent bien et que vous soyez récompensés pour votre travail ; oui, c’est le fruit de votre travail à tous, disait le prêtre. Les chiens de troupeaux étaient dans les étables, les chemins étaient balayés, propres.

Le Calvaire du Coudê et celui de la Croix des Quatre Chemins étaient fleuris de lilas blanc et d’iris bleus. La nature c’est une harmonie, et les fleurs qui poussent ensemble sont faites pour vivre ensemble et orner l’autel de la Vierge. On ne mettait pas de fleurs de genêt pourtant d’un beau jaune or à la Vierge, car les couleurs de la Vierge, disait le prêtre, sont le bleu et le blanc. Comme chaque famille avait une statue de la Vierge, chacun à son tour mettait une statue de la Vierge au Calvaire. Oui, disait le prêtre, nous nous préparons en même temps à cette grande fête de Notre-Dame à Orcival, la veille et le jour de l’Ascension qui suivent les trois journées des Rogations.

Les fontaines étaient nettoyées, car le prêtre bénissait aussi l’eau. C’était important car l’eau c’est la vie, c’est pour ça que même en ayant l’eau au robinet comme on dit, on économise l’eau, en l’utilisant à plusieurs usages. Surtout ne jetez jamais d’eau.

Sauf en cas d’urgence, le prêtre arrivait toujours par le chemin des Vizzades. Dès qu’on le voyait à la Garde, là-bas au tournant, les enfants descendaient l’attendre. Une grand-mère s’y trouvait pour aider le prêtre, car il mettait un surplis bien repassé, avec des dentelles, un beau surplis blanc et une étole violette. Le surplis restait au village, c’est une famille qui le gardait, avec la croix du prêtre. Un enfant de chœur habillé d’une tunique longue noire et d’un surplis blanc portait la croix et le prêtre montait lentement au village. Les enfants marchaient derrière la croix, devant le prêtre en priant la Vierge.

À l’entrée du village, puis en haut du pavé les familles étaient réunies et elles marchaient derrière le prêtre qui se rendait à la Croix du Coudê. Une nappe blanche était posée sur la pierre (le piédestal) de la Croix et maintenue grâce à un lien blanc posé sur la nappe. De chaque côté du lien on suspendait une pierre bien propre pour que le vent n’emporte pas la nappe. La statue de la Vierge était posée sur la nappe. On mettait le prie-Dieu du prêtre et à côté le bénitier et le goupillon avec l’eau bénite, qu’un autre enfant de chœur portait durant toute la procession.

Avant la procession, le prêtre parlait un peu à tous en nous disant : Priez avec votre cœur, avec votre bouche en répondant aux litanies des Saints, et avec vos yeux, que vos regards soient une prière de reconnaissance envers Celui qui conduit tout, qui a tout créé et qui vous a mis, ici, dans votre petit village de Randol pour y travailler et y vivre du fruit de votre travail. Soyons reconnaissants. Notre-Dame d’Orcival, Siège de la Sagesse, Notre-Dame du Port2, aidez-nous, protégez-nous.

Puis tous se mettaient à genoux pour commencer à chanter les litanies des Saints. Avant de commencer, il chantait pour demander à Dieu de nous aider. Et les litanies commençaient, on les disait en latin et tout le monde comprenait, vous savez. On priait tous les saints et les saintes de Dieu, et quand le prêtre disait Sancta Maria, tous se levaient et la procession montait par le chemin des Croix jusqu’à la Croix des Quatre Chemins qui était fleurie. En montant le prêtre bénissait les champs, les prés, les vignes, sans oublier les animaux qui étaient dans les champs. Puis on faisait une station à la Croix des Quatre Chemins, où on priait une dizaine de chapelet. Puis le prêtre bénissait. On prenait le chemin du col toujours en chantant les litanies, on redescendait à travers les prés, et toujours le prêtre bénissait. Arrivés au tournant de la Garde, on s’arrêtait pour dire encore une dizaine de chapelet ; là on était au milieu des vignes, on voyait tous ces beaux paillens, et au fond, comme un vase d’offrande, disait ma grand-mère on voyait notre village, d’où montait nos prières, nos peines et nos joies, mais surtout la paix.

Le prêtre reprenait le chant des litanies en remontant à travers les vignes par le chemin des Vizzades, il bénissait la source des abeilles, la Fontbonne, qui a toujours donné de l’eau même en période de sécheresse. Arrivant au village, il remontait jusqu’à la Croix du Coudê après avoir béni la fontaine aux vaches et toutes les maisons et les étables. On chantait le psaume Deus in adjutorium meum intende3, que les grand-mères savaient par cœur.

Et le prêtre n’avait pas oublié de bénir le berger et les moutons qui étaient rassemblés vers le col. C’était beau vous savez, le berger portait la houppelande, enfin la longue cape brun et ocre avec de longues rayures et les deux mains posées l’une sur l’autre en tenant sa boudalâ, son bâton de berger terminé par un tau. Les brebis et ses chiens se rangeaient derrière lui comme ça tout naturellement.

Avant de finir, on priait encore trois dizaines de chapelets pour préparer nos cœurs et notre âme pour aller à Orcival, et on priait pour ceux qui resteraient au village, parce qu’ils ne pouvaient plus faire la route par la montagne. Le prêtre disait une prière pour demander d’être épargné par la sécheresse4, mais aussi par les orages. Parce que quand il y avait encore des toits en chaumes (seigle), une étincelle aurait suffit pour dévaster tout le village par incendie. Enfin il demandait à Celui qui conduit tout de rester avec nous, car nous serons fidèles, et qu’Il éloigne le Mauvais de nos maisons et surtout de nos cœurs, car la paix doit toujours rester au village.

Pendant la procession on chantait les litanies des Saints et on répond : Te rogamus audi nos ; et on demande d’éloigner le Mauvais ; et une fois tout le village était là au Coudê et au moment où le prêtre, qui le disait toujours trois fois, demandait au Mauvais de s’éloigner, on l’a entendu courir à grandes enjambées. Vite le prêtre a jeté de l’eau bénite, alors toute une flopée de petits du Mauvais sautaient partout, vite ma grand-mère pria la Vierge et me cacha sous son tablier et ma mère ne pouvait plus bouger comme clouée là près d’un ormeau. Vite la Mélanie de chez Valleix est descendue chez elle chercher du sel bénit et le prêtre récitait des prières, et tout est redevenu normal. Le prêtre est venu bénir ma mère, et elle avait quelque chose qui était dans un petit médaillon, enfin comme un petit boîtier de montre, c’est le prêtre qui lui avait donné pour qu’elle le porte toujours sur elle, avec elle, le jour et la nuit.

Et tout se terminait par une dernière bénédiction des gens, des enfants, en priant la Vierge, saint Joseph, saint Antoine de janvier, saint Pierre, sainte Anne la maman de la Vierge, et tous les enfants chantaient le beau chant des Laboureurs qui s’adresse à Notre-Dame des champs :

Vierge, ô Mère Immaculée / Gardez nos champs, nos bois et nos hameaux / Cultivateurs de l’humaine vallée / Nous vous offrons nos rustiques travaux. – Divine Mère, Reine des champs / Fécondez notre terre et sauvez vos enfants. – À nos printemps, ô céleste rosée / Versez la joie de la fécondité / Que par l’hiver la plaine, reposée / Germent les fleurs, l’espoir et la beauté. – Divine Mère, Reine des champs… – De nos étés détournez la tempête / Des accidents gardez les moissonneurs / Et tous iront, au jour de votre fête / Vous rendre grâce et chanter vos grandeurs. – Divine Mère, Reine des champs… – Dorez la grappe au soleil de septembre / Donnez aux fruits leur parfum savoureux / Et quand la brume annoncera décembre / Préservez-nous, des hivers rigoureux. – Divine Mère, Reine des champs… – Quand notre corps retournant en poussière / Ira dormir à l’ombre du Saint lieu / Prenez notre âme, ô bienheureuse Mère / Et portez-là vous-même à l’Enfant-Dieu5.

Le prêtre restait au village où il mangeait à midi dans une famille, il prenait un peu de repos. Encore une prière au Calvaire et reprenant son bâton, il remontait à Cournols par le chemin des Croix. Comme ça il était sur place pour le lendemain matin pour faire la procession du mardi avec les Cournols.

Mais le mardi et le mercredi on se réunissait au Coudê pour prier les litanies des Saints, mais sans le prêtre. On se trouvait bien, vous voyez, et on vivait bien, faisant tout pour la Vierge, pour Celui qui conduit tout, et dans la confiance et la prière tout le monde se remettait à ses occupations.

Les enfants n’allaient pas à l’école le matin, (jusqu’en 1920 environ), mais il y allaient l’après-midi. C’est un devoir d’aller à l’école. Le prêtre veillait à l’éducation chrétienne comme disait ma mère. Et grand-mère Marie, vous savez, elle l’a pris son prie-Dieu sous le bras pour aller prier au Coudê, il faut donner l’exemple, disait-elle.

À ceux qui n’avaient pas suivi la procession grand-mère Marie disait : Chaque personne a besoin d’être aimée, comme le petit enfant qui grandit ; comme le moissonneur et le vigneron ; comme la femme à la maison, la femme qui est la lumière de la maison, c’est là qu’on revient le soir, ou dans la journée si quelque chose ne va pas bien ; comme celui qui finit sa vie, mais en restant à sa place par le travail indispensable, par la prière, parce qu’on n’était jamais inutile, car on peut toujours occuper ses mains en égrenant son chapelet ; et n’oublions pas d’aimer Toené et Nanette qui sont seuls, donnons-leur la joie d’être comme nous tous qui travaillons, alors nous ne ferons qu’un dans les bras de la Vierge qui veille sur nous, et les enfants chantaient à la Vierge : Veille, veille sur tes enfants

Allez, chacun à son travail : le petit enfant allait nourrir son petit lapin, ou arroser son petit jardin ; tandis que Nanette enfilait des perles sur un mince fil de fer, on lui donnait la travail le plus facile à faire pour faire des couronnes, mais elle avait quatre lapins il fallait les nourrir et un chat qu’elle aimait bien. Toené allait faire le travail qu’on lui donnait chaque matin, car il n’avait pas de mémoire, il faut mériter ta soupe, mon brave Toené. Et il courait cueillir un coquelicot ou une autre fleur, une marguerite, ou une pâquerette et revenant vers le parvis il la regardait en disant : Coquelicot, va dire à Jésus que Toené t’aime ; ou qu’il aime les animaux : il faut veiller car, parfois quand on est un peu simple on est méchant avec les animaux, on lui apprenait à les respecter, car les chiens, les chats ont leur utilité, même le petit lézard qui court sur le mur. La vie ne t’appartient pas, elle n’est pas à toi, Toené, les chats, les chiens, le petit lézard comme les fleurs sont les créatures de Dieu et nous sommes faits pour vivre tous ensemble, pour nous entendre, c’est ça vivre. Oui, vivre dans une atmosphère d’amour du prochain, d’amour de la Vierge ; avoir conscience qu’on fait un tout au village, mais que la communauté villageoise, comme les animaux, les fleurs et les plantes appartiennent à Celui qui les a créés ; enfin demander la pluie, faire une neuvaine si début mai la pluie n’est pas venue ; demander d’être épargné par la sécheresse, comme en 1905 où on allait à la Fontbonne avec une louche pour recueillir l’eau ; les orages aussi. Tout ça ne dépend pas de nous. C’est ça être dépendant de la Providence, c’es ça croire en Dieu et sa Toute-Puissance.

Et ces processions n’étaient pas regardées comme une manifestation folklorique, au mauvais sens qu’on donne parfois à ce mot, on ne se moquait pas, on respectait. Que faire quand les fontaines ne donnent plus d’eau et quand il ne pleut pas, les cultures, la vigne en souffrent et les hommes aussi. Si vous n’avez pas la foi, c’est la désespérance qui s’empare de vous. Même le Piare s’arrêtait au coin de la bergerie, car il ne suivait pas la procession, et enlevant son chapeau il disait : Bon saint Antoine, toi qui sait, ne nous laisse manquer de rien.

Voyez-vous, quand on est pauvre c’est plus facile de se sentir dépendant, de se sentir protéger par la Vierge, les Saints, les Anges gardiens. C’est ça la Providence, disait le prêtre, demandons la protection divine.

L’Ascension, pèlerinage d’Orcival.

Au village on priait Notre-Dame d’Orcival et Notre-Dame de la Sagesse, le Siège de la Sagesse, j’ai entendu des gens de la montagne s’adresser à la Vierge en ces termes. C’est pour ça qu’on lui disait ses peines, qu’on lui demandait conseil. On demandait la Sagesse à Notre-Dame pour nous aider. Ma mère priait comme ça aussi, comme ma grand-mère.

Pour les habitants de l’Auvergne, depuis des siècles, chacun gardait au fond de son cœur le grand désir soit d’aller à Notre-Dame du Puy, soit d’aller à Orcival, ce qui assurait d’avoir une bonne mort, tout en ayant accompli un devoir envers la Vierge. Grand-mère Marie y était allée souvent avec les Randols, déjà toute petite. Elle y était allée l’année du miracle, quand elle avait quinze ou seize ans, c’est l’eau qui guérissait ceux qui avaient des mal de peau, rien que de se mettre sous l’eau de la source, ils étaient guéris. Puis on emportait de l’eau chez soi, à la maison et on en buvait dans un petit verre quand on était malade, ou quand on avait du mal à grandir, pour la danse de Saint Guy (maladie nerveuse) et aussi aux mourants. Et le soir, lorsque nous disions notre prière tous ensemble, on priait la Vierge d’Orcival.

En 1894, ma mère, Isabelle, allait prendre ses vingt ans, c’était l’année du couronnement de la Vierge. Ma grand-mère, mon grand’père sont allés à Orcival avec d’autres Randol. Bien sûr c’était un grand pèlerinage pour le couronnement de la Vierge. Chaque village avait préparé une offrande et pendant trois jours au village on a prié la Vierge au Cœur Immaculé, vous savez la petite statue que les Randols ont sculptée, elle est belle, elle a les mains ouvertes la Vierge, comme les Randols.

Les grand-mères de Randol, et les familles se préparaient au moins deux ou trois jours à l’avance, travaillant plus pour tout préparer à la maison, car même si on s’absente tout doit être fait : les bêtes soignées, le bois cassé, préparé en cas de mauvais temps, la soupe prête pour ceux qui restent. Ceux qui ne partaient pas aidaient davantage. Avant de partir on fleurissait le Calvaire et les habitants se rassemblaient pour prier, comme avant tout voyage, pour que tout se passe bien, que l’on ne fasse pas de mauvaises rencontres en chemin. Ceux qui allaient voir la Vierge mettaient leurs habits du dimanche : pour les hommes pantalon de velours, chemise de chanvre fin, une large ceinture de flanelle grise ou beige d’environ cinquante cm de large qui entourait les reins. Le corps était enroulé à la hauteur de la ceinture pas plusieurs épaisseurs de cette ceinture qui faisait au moins trois fois le tour du corps. Après la guerre 14-18, ceux qui avaient été soldats avaient rapporté leur ceinture de régiment, couleur bleu marine, et ils étaient fiers de la porter car tout le monde voyait qu’ils avaient servi le pays. La veste de coutil noire, le chapeau noir à larges bords. Ils chaussaient leurs galoches avec les semelles en bois, comme des sabots mais le dessus était en cuir, clouté sur le bord. Les femmes portaient la robe noire longue jusqu’aux chevilles, les galoches ou sabots, le fichu et la coiffe blanche bien repassée. Ce n’est que vers 1925-1930 que les hommes ont mis des chaussures de cuir à tige, et les femmes des bottillons. Les femmes n’oubliaient ni le parapluie pour se garantir de la pluie et du soleil, ni leur pliant en bois léger pour s’asseoir. Si tu veux aller loin, ménage la bête, disait-on. Sans oublier le panier en osier contenant de quoi se nourrir, pain, lard, noix, fromage, du vin et parfois une gâterie, l’un ou l’autre ayant tué et cuit une volaille, un lapin pour l’occasion. La lanterne, et pour ceux qui y retournaient un cierge. Et ils prenaient la route par la montagne, en suivant les croix. L’itinéraire était le suivant : Randol, Fohet (ou Le Mas), La Garaudie, Vernines, Orcival.

Au village, le mercredi, veille de l’Ascension, tous les habitants sont réunis au calvaire du Coudê à 15 heures 30. Récitation d’une dizaine de chapelet, suivi d’invocation : Notre-Dame d’Orcival ; Notre-Dame de la Sagesse ; Notre-Dame au Cœur Immaculé, priez pour nous. Le Calvaire est fleuri, orné d’une nappe blanche avec la statue du Cœur Immaculé appartenant aux Savignat. Puis en récitant le chapelet tous montaient par le chemin des Croix jusqu’à la Croix des Quatre chemins. Récitation du Pater, trois Ave Maria, Gloria Patri, et les mêmes invocations, puis un temps de silence pendant lequel ceux et celles qui ne peuvent pas aller à Orcival disent dans leur cœur tout ce qu’ils ont à dire à la Vierge, surtout ses peines, ça rend l’âme plus légère de dire ses peines. Parfois il n’y avait que cinq ou six Randols qui allaient à Orcival, parfois plus, ça dépendait des santés, il y en avait qui n’y allaient jamais. Au village, ceux qui restaient priaient le Rosaire, chantaient les chants d’Orcival.

Puis on chante :

C’est le mois de Marie, c’est le mois le plus beau. À la Vierge bénie, Disons un chant nouveau. – Au vallon solitaire, Le lis en sa blancheur. De cette Vierge Mère, Retrace la candeur. – Aimable violette, Ta modeste beauté. Est l’image parfaite, De son humilité. – La rose épanouie, Aux premiers feux du jour. Nous redit de Marie, L’inépuisable amour. – Ô Vierge, viens toi-même, Viens semer en nos cÅ“urs. Les vertus dont l’emblème, Se découvre en ces fleurs.

Et les gens se séparent en continuant à chanter, ceux qui continuent et ceux qui vont à Orcival, il est 16 heures. Les autres redescendent au Calvaire du Coudê en chantant, puis prient à nouveau le reste du chapelet et ils font le travail qu’il y a à faire pour tous.

En passant à Cournols, on s’arrête au champ du repos, dire quelques mots et prières à ceux qui ne sont plus près de nous, puis on continue jusqu’à la Croix de Fohet, où a lieu un premier rassemblement avec d’autres villages. On fait une petite halte, on donne un peu de repos à son corps. En attendant on chante et on récite le chapelet pour se donner du courage pour marcher, et pour s’amuser aussi au moment du repas ou du goûter. Si besoin est on boit, car il y a une fontaine au village, mais seulement si le corps le demande, car quand on marche il ne faut pas boire trop, et pour ceux qui peuvent c’est un sacrifice à offrir à la Vierge. De cette façon on ne boit qu’en arrivant à la Source sur la montagne avant de descendre auprès de la Vierge.

Dans chaque village ce même rite a eu lieu, on a chanté et prié à l’église quand il y en avait une, sinon à une Croix de Coudê, comme à Prades. Et on continue. Chaque village était heureux d’être bien représenté, de gagner une ou deux personnes de plus que l’année précédente. Ce pèlerinage se faisait, comme celui du Puy, à pied, on venait de Clermont, Saint-Sauves, le Mont Dore, Issoire… Certains mettaient plusieurs jours, deux ou trois, dormant chez des gens de connaissance, dans une fenière. Certains faisaient même tout, ou une partie du pèlerinage pieds nus.

En route les enfants ramassaient des narcisses qui poussent dans les prairies, les étoiles des champs, comme disait ma grand-mère, les fleurs qui ont la pureté du lys, et chacun apportait quelques fleurs à Notre-Dame. Il y avait quinze dizaines, ça fait un Rosaire, et on chantait à pleins poumons, là-haut vous pensez, avec l’air de la montagne.

Vers neuf heures le soir, après s’être reposé auprès de la source, on avait pris un peu de nourriture et de détente, car il faut avoir et mettre tout son cœur pour faire ce pèlerinage. Chaque village emportait au moins une lanterne, c’est la prudence, certains emportaient un cierge qui avait servi l’année d’avant et en achetait un qui pourrait servir pour l’année suivante. Voyez-vous, c’est pour ça qu’on aimait les choses, parce qu’on les conservait en famille, elles avaient une âme. Et si c’était une autre personne de la famille qui allait à Orcival, elle pouvait prendre le cierge déjà bénit et rapporté d’Orcival.

Quand les processions sont arrivées au but, au sommet, les pèlerins de la source lèvent tous leurs flambeaux, deux fois de suite, pour signaler aux pèlerins qui sont sur la montagne d’en face qu’ils sont arrivés à la source. On allumait les cierges et les lanternes et on commençait à chanter le chant de l’Annonciation : Quand vint sur terre, l’Ange des Cieux. À notre Mère, il dit joyeux : Ave, Ave, Ave Maria. Et c’est l’autre versant qui répondait, car ça fait écho. On récite une dizaine de chapelet en se répondant d’une montagne à l’autre, et on chante. C’est beau quand même quand les processions partent sur les deux versants de la montagne, vers le tombeau de Notre-Dame, et vers la source, côté des Randols, en chantant et priant le chapelet, et n’étant éclairé que par les flambeaux. On descendait jusqu’à l’église, les cloches sonnent à la volée. Là, on entrait, chaque village à son tour portait la croix, la grande croix en bois, représentant toutes les peines, les souffrances de ceux qui ne sont plus avec nous et de ceux qui sont restés au village. On va boire un peu d’eau à la source, ou même y mettre ses mains sous la source. C’est de l’eau bénie, qui vient du rocher, elle est pure et source de joie, disait le prêtre. On se reposait un peu assis sur les marches de l’église, près de la Vierge on est bien vous savez !

Des prêtres donnaient la Pénitence toute la nuit, car chacun voulait faire les Pâques de la Vierge6. D’autres faisaient seulement leurs Pâques, on se décidait, aidés par la Vierge, dans la nuit. C’était la Nuit Sainte ! Chacun recevait le sacrement de pénitence et communiait.

Lentement se formait, le chapelet à la main, la longue file des gens venus dire leurs peines à la Vierge, en même temps on faisait une offrande : on pouvait toucher la Vierge pour mieux lui parler, embrasser sa main. D’autres faisaient toucher des médailles, un mouchoir qu’ils emportaient à la maison pour un malade. De suite après on allait allumer un cierge pour représenter ceux de notre village qui n’avaient pas pu venir. Il y avait des messes pendant toute la nuit car il y avait beaucoup de prêtres, et à minuit une grand’messe. Après la messe on chantait le beau chant : Ô Vierge tutélaire7.

Jusqu’en 1925 environ, à Orcival, les hommes chantaient des Cantiques où ils se reconnaissaient catholiques et français. Ils demandaient à la Vierge de garder et de sauver la Patrie, car tous les français sont enfants de Marie : Ici, mon Dieu, c’est pour notre patrie, Que nous prions au pied de votre autel, Tous les français sont enfants de Marie, Tous leurs soupirs font écho dans le ciel. Refrain : Dieu d’espérance, Dieu protecteur, Sauvez, sauvez la France, Par votre Sacré-Cœur (bis). Seigneur, Seigneur, arrêtez vos vengeances, Nous l’avouons, oui, nous sommes pêcheurs, De votre fils, nous causons les souffrances, Pardon, pardon ! Convertissez nos cœurs. Refrain. Vierge Marie, en vous chacun espère, Sur votre Fils, vous avez tout pouvoir, Des affligés n’êtes-vous pas la Mère, De notre France, et l’amour et l’espoir.

En ce temps là certains des pèlerins restaient à Orcival jusqu’au lever du jour de l’Ascension. Ils faisaient le retour du pèlerinage s’arrêtant devant les calvaires qu’on avait fleuri pour prier. Tous se retrouvaient à la Croix de Fohet pour se dire adieu et prendre la montagne en pointe pour rentrer au village où on attendait les pèlerins.

Pour ceux qui restaient, le lendemain matin à dix heures, messe et procession. Après la procession, on priait encore la Vierge pour lui dire au revoir, et en priant on prenait le chemin du retour, groupés comme à l’arrivée, donc sur les sommets : à droite, en sortant de l’église par la porte nord-est, le chemin allant au lieu dit Tombeau de Notre Dame ; à gauche, on rejoignait la source. Quand tous étaient arrivés là-haut, on chantait comme à l’arrivée, en se répondant d’une montagne à l’autre. Puis il était environ treize heures, l’Angélus sonnait exceptionnellement à treize heures le jour de l’Ascension. On marchait un peu, après avoir bu à la source, on se reposait, donnant de la nourriture à son corps et c’était une détente, les jeunes jouaient un peu, d’autres prenaient un peu de repos.

À quatorze heures trente on prenait le chemin du retour. Dès la croix de Cournols on chantait, ça s’entendait dès qu’on arrivait au fond du chemin de Malpierre. Alors les enfants et les personnes disponibles montaient nous chercher à la croix des Quatre chemins. On redescendait tous au village en priant, jusqu’à la croix du Coudê. On sortait les fleurs cueillies sur le chemin du retour et mises dans un linge mouillé au fond d’un panier, puis on allait visiter les malades s’il y en avait, et on remettait une médaille à une telle. Pour sept heures du soir, tout le monde était là, le travail avait été fait, on faisait ce qui restait à faire, puis on récitait les Vêpres et le chapelet, soit au Coudê, ou sur la placette en dessous du Conquaire.

1 Née à Lourdes le 7 janvier 1844, sainte Bernadette mourut le 16 avril 1879. Sa cause fut introduite le 13 août 1913. Elle a été béatifiée le 14 juin 1925 et canonisée le 8 décembre 1933.

2 Le pèlerinage à Notre-Dame du Port se fait le dimanche qui suit l’Ascension.

3 Psaume 69 (70).

4 Il n’y avait pas de raccordement d’eau, donc au village il n’y avait que l’eau des sources, des fontaines ou de la Monne pour le bétail.

5 Texte du Marquis de Ségur.

6 Quand il y avait des difficultés pour certains qui n’avaient pas fait leurs Pâques comme prévu durant la semaine Sainte, ils les faisaient à Orcival, c’est pour ça qu’on disait : Oh ! il ira faire ses Pâques avec la Vierge, ce sera plus facile, et on disait : les Pâques de la Vierge.

7 Voir au 8 septembre.