Françoise naît en Savoie, près de Chambéry, le 6 mars 1841 au sein d’une fratrie de huit enfants, de parents pauvres et profondément chrétiens.
A l’âge de 8 – 9 ans, Françoise reçoit une révélation de la Passion du Seigneur qui lui apparaît un Vendredi Saint. Ses Saintes Blessures allument en Françoise le désir d’une union plus intime avec son Sauveur. Pour approcher de la Sainte Table, elle est envoyée au catéchisme qu’elle apprend aisément sans savoir ni lire, ni écrire. Le 8 septembre 1850, jour de sa Première communion : « Quand j’ai communié, c’est le petit Jésus que j’ai vu et que j’ai reçu. Oh ! Que j’étais heureuse ! Il m’a dit que chaque fois que je communierais ce serait comme cela ».
Son âme s’oriente vers la vie contemplative. Sur les conseils de son curé, elle entre dans le Tiers-Ordre franciscain en 1861. Mais sa soif dévorante d’union au Bien-Aimé la conduit à la Visitation de Chambéry, à quelques kilomètres de la maison familiale. « Je voulais n’être occupée que de Lui, ne penser qu’à Lui ».
Elle y entre en février 1862 à l’âge de 21 ans.
Humilité, piété ardente et profonde, candeur et esprit de foi, grande docilité, cœur avec délicatesse, sensibilité morale, orientation totale vers Dieu : Mère Marie Alexis – sa Mère Maîtresse – comprend la valeur de l’âme qui lui est confiée.
Le 29 avril 1863, elle reçoit la vêture et le nom de sœur Marie-Marthe.
Puis elle fit profession religieuse comme converse, le 2 août 1864.
Sœur Marie-Marthe ne brille ni par les agréments extérieurs, ni par les dons de l’esprit … et pourtant … Jésus l’inonde de vives lumières et l’entoure de tant d’amour.
Tes imperfections sont la plus grande preuve que ce qui se passe en toi
vient de Dieu.
Je ne te les enlèverai jamais :
elles sont la couverture qui cache mes dons.
Sœur Marie-Marthe a comme signe distinctif une grande dévotion à la Passion du Sauveur. Un don d’oraison peu commun et une faim et soif de Dieu toujours croissantes, dans un recueillement continuel la caractérisent.
Deux traits règlent toute sa vie spirituelle : la crèche et l’Eucharistie (que sœur Marie-Marthe ne sépare pas. Elle voit Jésus Enfant dans l’hostie : l’effacement) d’une part et d’autre part, le Crucifix (l’amour souffrant, s’immolant, réparant).
Ses Supérieures successives notent précieusement et consciencieusement
tout ce que sœur Marie-Marthe, analphabète, leur dit.
Ses chères Mères étaient ses confidentes.
Fin 1886 se dessine la grande dévotion de sœur Marie-Marthe. Et en septembre 1887, la privilégiée de Jésus se trouve ravie en extase pendant le sanctus, durant 3 jours… Le 28 septembre, sœur Marie-Marthe voit clairement sa « mission » des Saintes Plaies.
Je t’ai choisie pour réveiller la dévotion à ma Sainte Passion
dans les temps malheureux ou vous vivez.
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Dans la contemplation de mes Plaies, on trouve tout pour soi et pour les autres.
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Je te donne Celui que tu m’offres si souvent. Je t’associe à mes anges.
Sache que tu as plus de pouvoir qu’eux parce que tu peux sans cesse m’offrir les Plaies de mon divin Fils pour les pécheurs et ils ne peuvent que les contempler.
(le Père éternel à sœur Marie-Marthe)
En septembre 1887, comme la Vierge des douleurs, soeur Marie-Marthe eut l’insigne privilège de recevoir dans ses bras le très Sacré Corps de Jésus-Christ pendant plus de deux heures avec cette leçon : « Pour bien contempler les Plaies de Jésus, il ne faut avoir aucune attache dans le cœur, pas même à la plus petite imperfection volontaire »
« Ma fille, la première fois que j’ai contemplé les Plaies de mon cher Fils, c’est lorsque son saint Corps fut déposé entre mes bras. J’ai médité ses douleurs et j’ai taché de les faire passer dans mon cœur. »
« Il n’y a aucune maison sur la terre où les Saintes Plaies de Jésus soient honorées tout particulièrement le vendredi soir (la nuit) – et non celle qui se fait dans les communautés entre 15 et 16 heures. Il faut, pendant cette Heure [de la nuit], contempler ces Saintes Ouvertures et vous y enfoncer. »

Depuis des années, sœur Marie-Marthe entretient à tout instant un doux commerce avec Notre Seigneur, sa sainte Mère, ses saints fondateurs, les anges et les saints.
Saint François de Sales (tout autant que sainte Jeanne de Chantal) visitait souvent sa chère fille pour l’instruire : « Dieu t’a choisie pour compléter la dévotion au Sacré Cœur. Le Cœur a été montré à la bienheureuse Marguerite Marie et les Saintes Plaies à ma petite Marie-Marthe ! »
Le 17 octobre 1867, Mère Thérèse-Eugénie (la Supérieure) rédige au nom de soeur Marie-Marthe les « conventions » : S’offrir tous les matins en union aux Saintes Plaies de Jésus Crucifié pour le salut du monde entier et pour le bien et la perfection de sa Communauté ; Adorer Jésus dans tous les cœurs qui le reçoivent dans la Sainte Eucharistie ; Offrir toutes les dix minutes les Saintes Plaies du Corps Sacré de Jésus au Père éternel.
Par l’invocation :
Père éternel,
je vous offre les Plaies de Notre Seigneur Jésus-Christ
Pour guérir celles de nos âmes.
Et la seconde :
Mon Jésus, pardon et miséricorde
par les mérites de vos Saintes Plaies.
Son existence devient une immolation continuelle, une prière ininterrompue : union à Dieu et profond recueillement.
Ne bouge pas les yeux de dessus ce livre et
tu en apprendras plus que les plus grands savants.
La prière aux Saintes Plaies comprend tout.

En 1868, pour entrer dans les intentions de Jésus, les Supérieures établirent la récitation quotidienne « du rosaire des Saintes Plaies ». Jésus l’appelle le « chapelet de la Miséricorde ».
Les visites au Saint Sacrement, les veillées eucharistiques étaient sa « seconde vie » ignorée de la Communauté. Elle contemplait, remerciait, priait et réparait pour les pécheurs et les âmes du purgatoire, pour y faire entrer les âmes par les mérites des Saintes Plaies du Sauveur. Toute la vie de sœur Marie-Marthe n’était qu’une préparation à la communion et une action de grâce prolongée.
Pendant quatre années (25 janvier 1869 – 20 septembre 1873), Notre Seigneur voulut que sœur Marie-Marthe n’ait d’autre aliment que la Sainte Eucharistie
A partir du 12 juin 1874, à l’aube de la fête du Sacré Cœur, sœur Marie-Marthe reçoit un stigmate l’un après l’autre. Elle a 33 ans. Pour répondre à son insistante supplication d’obtenir de Jésus que cette faveur soit toute intérieure et non visible, c’est en août 1875 que ses plaies se referment et même les cicatrices disparaissent.
Son zèle apostolique l’anime et la soutient. Elle se sent membre du corps mystique de Jésus-Christ dont elle ne se sépare jamais. Elle prie en union avec son Maître, concentrant toute sa prière d’intercession dans l’offrande assidue des mérites du Sauveur.
Elle est vouée à la cause de l’Église, des pasteurs, des fidèles et dans un apostolat d’une perpétuelle intercession en faveur des pécheurs et des âmes du purgatoire.
Partout tu trouveras des Plaies en ton Époux.
Il faut que tu puises là-dedans pour le monde : c’est ton travail.
+
Offre-moi souvent mes Saintes Plaies pour me gagner des pécheurs,
car j’ai faim des âmes.
+
Le pécheur qui dira : « Père éternel, je vous offre les Saintes Plaies de Notre Seigneur Jésus-Christ pour guérir celles de nos âmes », obtiendra sa guérison.
+

Ma fille, crois-tu que je puisse rester sourd aux âmes
qui invoquent mes Saintes Plaies ?
e n’ai pas le cœur ingrat de la créature : je tiens compte de tout !
Mon Cœur est grand, mon Cœur est sensible !
La Plaie de mon Sacré Cœur s’ouvre largement pour enfermer tous vos besoins.
+
C’est dans mon Cœur qu’on trouve la paix.

C’est sur une voie d’enfance spirituelle que Notre Dame conduit sœur Marie-Marthe. Elle lui recommande la pureté d’intention, l’obéissance, la confiance et l’abandon, l’humilité. « Fais toi bien petite et tu seras ma fille ».
La confiance de sœur Marie-Marthe est toute simple et toute enfantine. Une vie d’enfance, simple, joyeuse et dilatée.
L’âme-enfant est une âme sans malice, innocente, simple et confiante.
Quand l’âme est dans cet état d’enfance, elle peut venir à Moi tout droit :
il n’y a aucun obstacle.
Sa dévotion à Notre Dame est profonde et toute filiale. La Sainte Vierge s’offre souvent à la contemplation de sœur Marie-Marthe. La pratique de piété qui lui est chère : le saint Rosaire.
« Ma fille, pour bien passer mon mois [de mai], il faut constamment te retirer dans ton cœur avec Jésus. C’est l’exercice que j’ai fait toute ma vie. Il faut l’imiter ».
Sœur Marie-Marthe aime le bon saint Joseph et une douce intimité existe entre eux. « J’aime beaucoup mieux la prière du cœur, l’union intérieure avec Jésus que la seule prière des lèvres ».
Sa vie se passe en prière continuelle, travail, mortification, silence et effacement absolu.
Malgré ses infirmités grandissantes, sœur Marie-Marthe ne ralentie pas son zèle pour la prière ni pour le travail.
Elle doit fixée son lieu à l’infirmerie, ses souffrances augmentant : un cas d’albumine avec complications.
Pendant cinq semaines, le Seigneur l’associe aux agonies physiques et morales de sa Passion.
La Vierge Marie vint chercher son enfant aux premières vêpres de sa Compassion, le 21 mars (qui tombait alors le jeudi de la Passion) 1907.
Dès son trépas, un air de jeunesse extraordinaire se répand sur ses traits. Nulle trace sur son corps que la gangrène avait marqué.

En 1908, le pape Pie X autorise la dévotion aux Saintes Plaies (chapelet et Heure Sainte).
L’introduction de la cause en béatification et canonisation se fait en 1934 ; et une relance en 2012.
Après le déplacement de la Visitation de Chambéry à Saint Pierre d’Albigny, puis la fermeture du monastère, les restes de <sœur Marie-Marthe ont suivi les visitandines jusqu’à la Visitation de Marclaz, à côté de Thonon-les-bains. Ils y sont toujours aujourd’hui, non loin du majestueux Crucifix qui offrit à saint François de Sales des rayons visibles de lumière… divine.

J’accorderai tout ce que l’on me demandera par la dévotion aux Saintes Plaies. Ceux qui les honorent auront une vraie connaissance de Jésus-Christ.
Mon Jésus, pardon et miséricorde, par les mérites de vos Saintes Plaies.
Père éternel, je vous offre les Plaies de Notre Seigneur Jésus-Christ,
pour guérir celles de nos âmes.
Seigneur Jésus, daignez glorifier votre servante, sœur Marie-Marthe Chambon, qui vous a glorifié par son humilité et par son zèle à faire valoir avec tant d’amour les mérites de vos Saintes Plaies.